C'est comme ça que je t'aime

C’est comme ça que je t’aime

C’est comme ça que je t’aime est une série télévisée québécoise écrite par François Létourneau, qui en est aussi l’un des acteurs principaux. Le titre de la série vient d’une chanson de Mike Brant.

En 1974, dans la banlieue tranquille de Sainte-Foy, deux couples en crise vont reconduire leurs enfants au camp de vacances. De retour chez eux, ils réalisent l’état lamentable de leur vie conjugale. Infidélités et trahisons éclatent alors au grand jour. Mais dans une société où le divorce se fait encore rare, que feront les Delisle et les Paquette ? Ils deviendront les criminels les plus meurtriers de l’histoire du crime organisé de la région de Québec. Les choses déraillent rapidement. La rancune se transforme en rage et le meurtre et la violence viennent s’immiscer dans leur quotidien pourtant insipide jusque-là.

Quatre corps ensanglantés sont retrouvés dans la piscine hors-sol d’un pavillon de la paisible banlieue de Sainte-Foy« Comment quatre personnes normales, qui s’appellent Huguette, Gaëtan, Serge puis Micheline, ont pu se rendre jusque-là si rapidement ? Quarante ans plus tard, j’en encore d’la misère à me l’expliquer », dit un faux journaliste du Soleil, en préambule de C’est comme ça que je t’aime.

On parle ici « des pires criminels de l’histoire du crime organisé de la région de Québec ! » La suite est un long flash-back sur la dérive de ces « quatre bons citoyens ». Sur fond de libération sexuelle, de lutte pour l’émancipation des femmes et de chansons romantiques.

Huguette, jouée par Marilyn Castonguay, est la pierre angulaire de cette histoire. La femme enceinte dépressive qui se transforme en meurtrière à la carabine est un personnage fascinant et Castonguay est époustouflante dans ce rôle composite. Les trois autres acteurs principaux, François Létourneau, Patrice Robitaille et Karine Gonthier-Hyndman, sont aussi épatants. Ils manœuvrent habilement dans cette atmosphère drôle et lugubre.

François Létourneau et le réalisateur Jean-François Rivard n’ont pas négligé la qualité de la reconstitution historique. Les maisons, les vieilles voitures, les accessoires d’époque, les vêtements; tout a été longuement réfléchi et l’effet est renversant. On voit même les années 70 dans la typographie utilisée et dans la trame sonore, finement orchestrée.

On ne peut pas passer sous le silence la finesse des textes de Létourneau. C’est grâce à son écriture décalée, inventive et unique que C’est comme ça que je t’aime frappe autant la cible. Les répliques sont cinglantes et les malaises, percutants.

Cette comédie noire a tout ce qu’il faut pour séduire les téléspectateurs. Les fans des Invincibles et de Série noire seront ravis de retrouver la plume aiguisée de Létourneau alors que les autres, ceux qui n’ont pas vu les précédentes œuvres de l’auteur, découvriront un monde nouveau et marginal dans lequel ils seront vite happés.