Extras

Extras

Extras est une sitcom britishdeux saisons de six épisodes de 30 minutes chacun. Réalisées en co-production avec Ricky Gervais et Stephen Merchant derrière la machine à écrire et devant la caméra.

Extras reprend le thème éculé des figurants qui côtoient les acteurs, l’histoire de ces anonymes qui observent quotidiennement la gloire se fabriquer sous leurs yeux tout en sachant qu’elle ne s’adressera jamais à eux.

Moins connue que The Office, cette coproduction a pourtant duré aussi longtemps en Angleterre que sa grande sœur, c’est-à-dire deux saisons. Si elle n’a pas connu d’adaptation américaine, elle rivalise largement en inventivité. A revoir la série cinq ans après sa dernière saillie, il n’est même pas interdit de la préférer à The Office. Peut-être parce que la satire du show business s’impose comme un sujet plus personnel pour son co-créateur – Ricky Gervais a travaillé, comme toujours, en duo avec le redoutable Stephen Merchant.

Dans sa première saison, Extras raconte la vie terne de quelques figurants courant le cachet. Le dénommé Andy Millman navigue tristement de plateau en plateau et d’humiliation en humiliation. La frustration et le sentiment d’échec s’imposent comme ses seuls alliés. Son agent ? Darren Lamb, cet incapable notoire ne sait pas qui est Harry Potter et négocie vraiment très mal les contrats. L’ennui des heures passées à attendre dans des costumes ridicules est filmé avec une précision et une ironie démoniaques. Andy a pour amie Maggie Jacobs, une brave fille un rien midinette et qui n’a pas dû ouvrir un livre depuis son certificat d’études.

Sans pitié pour personne, la série a comme principe d’accueillir une star à chaque épisode dans une version parodique d’elle-même. Hollywood ne demandant qu’à pratiquer l’autodérision, Kate Winslet, Ben Stiller, Samuel L. Jackson, David Bowie, Patrick Stewart, Orlando Bloom, Daniel Radcliffe ou encore Robert De Niro ont accepté de se mettre dans des situations parfois embarrassantes. Tout le monde en prend pour son compte et Gervais et Merchant ne s’épargnent pas eux-mêmes.

La deuxième saison accompagne le même personnage (interprété par Ricky Gervais) alors que celui-ci a réussi un gros coup en obtenant sa propre sitcom sur la BBC. Las, il s’agit d’une comédie ringarde dont lui-même a conscience qu’elle doit plus aux années 1970 qu’aux formes actuelles de la comédie.

A force de compromis, Andy a dû se résoudre à produire une soupe sans saveur, même s’il est devenu célèbre. C’est à ce moment-là que la série devient réellement passionnante, quand elle ajoute à son fond naturel satirique et antipolitiquement correct une vraie réflexion sur le sens du spectacle. Qu’est-ce que faire le show ? Qu’est-ce qui est vraiment drôle ? Comment rester crédible ?

Malgré leur arrogance et leur égoïsme, on a presque envie de les plaindre comme le fait Maggie, personnage crucial de la série car il est l’incarnation de notre mauvaise conscience. La personnification de l’interdit social. Andy est, lui, la lente perte de l’espoir et l’expression d’une certaine hypocrisie, tandis que Darren est le masque du sort froid, distant et inflexible qui peut nous affecter. Derrière l’apparente comédie, Extras renferme un profond pessimisme et une interrogation sur l’existence.

L’ambition d’Andy Millman et de son amie Maggie Jacobs est de devenir acteurs. Mais en attendant de connaître la gloire, ils se contentent de petits rôles et croisent des célébrités qui les font rêver… La caméra est plus calme que dans The office, mais pas moins fouineuse et tout aussi ambiguë. Les dialogues sont tout à fait hilarants et beaucoup plus inventifs que ceux trop calibrés de certaines sitcoms Made in US.

Extras ne recule pas devant la montagne de questions que pose chaque jour son héros, confronté à la cruauté et à la veulerie et néanmoins fasciné par elles. Un spécimen humain plus attachant qu’il n’y paraît.