High Maintenance

High maintenance

High maintenance est une série télévisée américaine, composée de 3 saisons, et diffusée sur la chaîne de télévision HBO. Créée par le duo Ben Sinclair et Katja Blichfeld, elle est à l’origine une web-série de 19 épisodes diffusée sur le site d’hébergement de vidéos Vimeo de 2012 à 2015.

Le format 30 minutes mêlant comédie et noirceur a le vent en poupe ces temps-ci. Les médias américains lui ont même trouvé un petit nom : traumedy.

Cette anthologie suit un livreur de marijuana à vélo dans Brooklyn pour brosser les brefs portraits de ses clients. Chaque épisode, filmé avec style dans les rues de New York, s’ouvre à de nouvelles thématiques en allant à la rencontre d’une faune citadine bigarrée : un acteur bodybuildé, un gay au bord de la crise de nerfs, une ado immigrée pakistanaise, un couple d’artistes libertaires… et même un chien, qui, rassurez-vous, ne fume pas.

L’occasion d’observer l’intimité de ces voisins qui ne se ressemblent pas, en jouant avec les enjeux culturels et sociétaux, parfois subtilement – un couple de vieux Chinois sans le sou mais fiers face à la réussite de leur fils musicien, un retraité bien décidé à se lâcher –, parfois plus lourdement – une blogueuse qui cache mal sa solitude sous une avalanches de selfies.

Le livreur anonyme fait le lien entre eux. Un hipster débraillé et lunaire connu sous le nom de « The Guy », dont on ne sait pas grand-chose, et que l’on abandonne une fois l’herbe déposée sur la table de ses clients (ce gars-là, c’est Ben Sinclair, acteur et co-créateur de cette production).

Front qui pousse et grosse barbe, voilà un type sympa. Un hipster qui n’essaie pas de cacher sa calvitie sous une casquette. Sa mallette remplie de produits, il arpente les rues de New York à vélo pour ravitailler ses acheteurs. En gros, c’est le dealer que vous rêvez d’avoir. Poli et blanc, il peut entrer dans votre salon sans éveiller la méfiance des voisins. D’ailleurs, la plupart de ses chalands en profitent pour consommer avec lui. Cela tombe bien car High maintenance s’intéresse surtout à eux.

Sous couvert du portrait d’un vendeur de substances qui font rire, le programme est la peinture sociologique du Brooklyn bobo de ce début de XXIe siècle. Une gouache impressionniste dont les héros ont pour seul point commun d’avoir croisé la route du type en question.

High maintenance adopte plus souvent le point de vue de la clientèle pour mettre le téléspectateur à sa place. Vieux baba aimant déambuler nu chez lui, infirmier aux rencontres bizarres, jeune femme exhibant un sein… L’absurde règne, chaque épisode pouvant se regarder indépendamment. Selon son humeur on peut trouver ça fade ou fascinant. Pour ma part, je trouve à ce drôle d’objet un côté hypnotique et agréablement monotone qui me pousse à enchaîner les épisodes.

Les détracteurs rétorqueront qu’ils ne voient ici qu’un résumé outrageusement hipster et bobo de la faune de Brooklyn. C’est vrai mais c’est clairement fait exprès. Et ce côté « je vous emmerde » est plutôt jouissif.

High maintenance accumule des petits riens qui finissent par faire de grands touts et de composer, par petites touches excentriques se faisant concentriques, un portrait singulier du cœur de la New York bourgeoise bohème du moment, celle qui, du moins, fume des joints pour oublier, entre autres, le 45e président des Etats-Unis.

Diversité de tons, écriture drôle et enlevée, photo soignée et B.O impeccable, High maintenance a clairement le souci du détail et explose sans complexe les codes de la sitcom traditionnelle comme un bon gros trois feuilles. Alors que vous soyez non-fumeur ou amoureux de Marie-Jeanne, ne boudez pas votre plaisir et ruez-vous sur cette pépite.

La suite, vite !