L'Effondrement

L’effondrement

L’effondrement est une anthologie française de huit épisodes de 15 minutes, on suivra plusieurs destins d’individus et de familles, à différents moments de l’effondrement, tentant de survivre tant bien que mal dans un monde qui ne tourne plus rond, entre manque de ressources (énergie, nourriture…), émeutes, panique et insécurité.

L’essence commence à manquer, l’eau potable se raréfie, l’énergie nucléaire est menacée, les médicaments sont rationnés. La société se disloque, charriant son lot de violences et de morts, face à des autorités politiques impuissantes, voire inexistantes. Ce scénario post-apocalyptique est porté à l’écran dans la série L’effondrement.

Une référence sans équivoque aux thèses de l’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle, qui rencontrent un succès inattendu auprès du grand public, portées notamment par le chercheur Pablo Servigne. Si certains théoriciens prédisent un effondrement progressif de notre société, les trois jeunes réalisateurs Jérémy BernardGuillaume Desjardins et Bastien Ughetto, du collectif Les Parasites, déjà primés pour leurs courts-métrages engagés, décrivent un chaos fulgurant et inéluctable – mais aux causes inconnues, insinuant juste que les citoyens ont été prévenus mais n’ont pas voulu y croire.

Comment se déplacer, se nourrir, communiquer dans un monde hier confortable, et aujourd’hui hors de contrôle ? Faut-il s’allier et tenter d’être autosuffisants, ou piller les magasins et la jouer chacun pour soi ? Pouvait-on anticiper la catastrophe ? Pourquoi sommes-nous si dépendants du « système » ?

L’un des ressorts du scénario repose sur cette absence totale de préparation. Pour appuyer le prosaïsme des trajectoires des personnages, les réalisateurs changent d’acteurs à chacun des huit épisodes, accentuant le processus d’identification du téléspectateur.

Dans ces séquences d’une vingtaine de minutes, on retrouve notamment Philippe Rebbot, tout en justesse, dans l’épisode le plus réussi de la série, où il incarne le gérant d’une station-service qui tente de prendre la fuite avec son fils autiste avant que les réservoirs d’essence ne se vident. Thibault de Montalembert, remarqué notamment dans la série Dix pour cent, campe, lui, un millionnaire impitoyable prêt à tout pour rejoindre son abri de fortuné.

Par ces portraits, les réalisateurs abordent des thèmes qui leur sont chers, comme la cruauté du système capitaliste. Surtout, le collectif a fait le choix ambitieux mais réussi du plan séquence, renforçant le sentiment d’urgence et de vulnérabilité. Cette esthétique, qui rapproche la série d’un documentaire, sert également l’idée d’un retour à une vie sans artifice.

Un véritable défi technique et artistique pour l’équipe, qui permet aux spectateurs et aux comédiens, d’être totalement immergés au cœur de l’histoire en mouvement. Une série engagée et hélas totalement d’actualité, qui devrait donner matière à réflexion et parler aussi bien aux « collapsologues » qu’à tous les autres.

Quand un monde s’effondre il y a ceux qui se replient et ceux qui s’ouvrent, ceux qui stockent et ceux qui partagent, ceux qui fuient et ceux qui s’organisent, ceux qui abandonnent et ceux qui gardent espoir… Ce sont toutes ces hypothèses qu’explore la série l’effondrement.