Snowfall

Snowfall

John Singleton, dont la majorité des films sont situés au sein de la communauté noire américaine, s’intéresse, avec Snowfall, aux ravages provoqués par le crack dans les quartiers pauvres de Los Angeles des années 80.

Ce drame lancé sur la chaîne câblée FX, suit « l’ascension » de Franklin Saint, bon élève et bon fils, qui va passer du deal d’herbe à celui de la coke. En parallèle, il y est question d’une industrie de la drogue en pleine explosion.

Le cœur de sa narration est assurément son point fort : la trajectoire de Franklin, incarnation d’une communauté noire privée du rêve américain. A South Central, quartier familial pauvre mais paisible (plus pour très longtemps), il y a ceux qui travaillent dur, exploités nuit et jour, comme sa mère, et ceux qui vivotent de petits trafics, comme son oncle. 

Franklin a eu la chance d’étudier dans un lycée des beaux quartiers, mais pendant que ses amis blancs se poudrent le nez au bord de leurs piscines, il doit travailler le soir dans une supérette. Quand un de ses anciens camarades de classe lui demande d’aller lui chercher de la cocaïne chez un « grossiste » millionnaire, il saisit sa chance pour changer de « carrière ».

Incarné par un jeune acteur charismatique, Damson IdrisFranklin représente le « petit nouveau » qui découvre ce monde de violence, de sexe, de pouvoir et d’argent. Une figure classique dont le parcours est efficacement mis en scène, avec ce qu’il faut de dramatisation et de bons sentiments.

Dommage que sa trajectoire soit sans cesse interrompue par une pléiade de personnages incarnant chacun un aspect de l’industrie : un parrain israélien, un homme de main mexicain, un agent de la CIA, etc.

En se dispersant, Snowfall perd non seulement en intensité, mais aussi en crédibilité. Plus excentriques, ces figures pâtissent d’un décorum chargé en clichés (villas clinquantes, clubs louches, arrières-cours obscures, etc). Singleton marche sur une ligne fragile entre récit historique, voulu précis et documenté, et gros drame louchant vers le film de gangsters.

A en croire la presse américaine, qui a pu voir plus d’épisodes, Snowfall finit par trouver son rythme, et un bon équilibre entre les différentes pistes narratives. Pour l’instant, un peu frustré par un récit en zigzag, on espère que Singleton ira plus loin dans son discours politique, auscultera l’explosion du crack dans le contexte de l’époque, et le rôle du trafic de coke dans les manigances de la CIA en Amérique du Sud. 

Pour toutes ces raisons, et pour suivre son jeune héros attachant, nous passerons une partie de notre été en 1983, dans la chaleur californienne.

Bonne nouvelle, la chaîne FX vient de la renouveler pour une nouvelle saison pour 2018.