The Battery

The battery

The battery est un film de zombies indépendant américain réalisé par Jeremy Gardner, sorti en 2012, autoproduit avec un budget de 6 000$ et tourné en seize jours. Un tout petit film, minuscule en terme de budget et de logistique, mais avec un cœur, des tripes et un esprit gros comme ça.

On peut faire beaucoup de choses avec 6.000$, Jérémy Gardner lui a réalisé un petit chef-d’œuvre. Rien que ça. The battery prouve qu’une poignée de dollars, six personnes dévouées qui composent l’équipe de tournage, deux semaines et des idées, beaucoup d’idées suffisent pour faire du cinéma.

Le film écrit, joué et réalisé par Jeremy Gardner s’ancre dans différents genres : le zombie flick, le post-apo, le road movie, le buddy movie, la comédie et évidemment, l’horreur. Mais quelque soit le genre abordé ou simplement effleuré, on sent poindre la patte d’un auteur. Dans son écriture, sa façon de dépeindre un univers, des lieux, ses personnages, son ambiance sonore, son jeu même, tout transpire d’une homogénéité de tous les instants.

Pourtant, The battery n’est rien d’autre qu’une énième histoire de survivants, livrés à eux-mêmes dans un monde revenu à l’état sauvage. Ben et Mickey, parcourent une Nouvelle-Angleterre dévastée par une invasion de morts-vivants…Une succession de moments anodins, de scènes de vie dans un monde dévasté…Ce duo improbable de joueurs de base-ball est le centre, le cœur du récit. Tout le reste n’est que détails : les zombies, les menaces, le monde qui les entoure. Plus que tous les genres évoqués, The battery est un film d’amour et d’amitié. Les deux personnages parfaitement définis, très différents forment un duo irrésistible que l’on a envie d’aimer, de soutenir, avec lequel on veut rire mais aussi frissonner.

Les deux comédiens, Jeremy Gardner et Adam Cronheim, formidables au demeurant, insufflent une vie, un souffle encore jamais vu dans le cinéma d’horreur. Le film est lumineux, donne la pêche, mais c’est pour mieux surprendre lors de moments de tension aussi puissants qu’inattendus. Une habile façon pour Jérémy Gardner de montrer que la menace est omniprésente et qu’il ne suffit que d’une seconde d’inattention pour se mettre en danger.

Dans son dernier tiers, l’intrigue bascule dans une longue – très longue mais jamais trop – scène de tension et se resserre encore plus sur ses deux personnages centraux afin de livrer un anti-climax qui met la pression sans jamais user d’artifices inutiles ou d’astuces narratives. La séquence fonctionne simplement grâce aux acteurs, à leur talent et à la relation qui s’est construite durant tout le film comme si tout devait se terminer ici.

Porté par une musique formidable, The battery dégage une vraie atmosphère qui fait toute la différence. Esthétiquement, le film maximise chaque dollar, chaque centime de son budget, l’image est naturaliste, très crue mais très belle en même temps. Le soleil irradie la campagne et crée une ambiance irréelle qui pose un regard bienveillant sur l’Amérique profonde. Le réalisateur sait parfaitement ce qu’il veut, cadre parfaitement et prend le temps de poser sa caméra quand il faut pour composer de magnifiques cadres.

Jeremy Gardner a compris que la peur sera toujours mieux évoquée par le regard d’un acteur que par une horde de zombies numériques. Il évite l’écueil du petit film trop malin et livre une relecture du film de morts-vivants éminemment personnelle qui repose sur les fondamentaux du cinéma : l’écriture, le jeu et la mise en scène. Et une sacrée dose de culot pour se lancer dans l’aventure du long métrage avec seulement quelques billets en poche. Le gaillard ne s’est pas dégonflé, ne s’est laissé aller à aucune facilité et a tourné le film qu’il voulait faire.

Sélectionné dans plusieurs festivals, le film a remporté plusieurs prix, notamment le Silver Scream Award au Festival du film fantastique d’Amsterdam 2013 et le prix du public et du meilleur scénario au Toronto After Dark Film Festival. Une œuvre personnelle, juste, qui ne ressemble à aucune autre, qui respire la vie, la poésie mais n’oublie pas non plus qu’elle s’inscrit dans le genre horrifique.