The IT crowd

The IT crowd

Le concept de The IT crowd est assez simple. C’est l’histoire d’une bande de rebelles qui s’opposaient au reste du Monde. Concrètement, la série suivait les péripéties des membres du département informatique chez Reynholm Industries.

Certes, cela ne faisait pas d’eux les plus grands rebelles que l’univers ait portés, mais ils assumaient leur anticonformiste à bras le corps et de manière totalement involontaire.

Au cours des 4 saisons (+1 épisode spécial de conclusion !), nous n’avons jamais découvert ce que Reynholm Industries pouvait bien offrir comme service. Un mystère qui n’en était pas un, puisqu’il était avant tout question de ce qu’elle représentait : un géant corporatiste défaillant, mais que rien n’arrête. Roy Trenneman (Chris O’Dowd), Maurice Moss (Richard Ayoade) et accessoirement Jen Barber (Katherine Parkinson) se trouvaient à la fois au cœur de ce monstre et à côté.

Personne ne peut réellement avouer vouloir être l’un de ces énergumènes. Moss est un inadapté social, un nerd de haut grade dont l’intelligence est aussi élevée que son humour est inaccessible. Rire de lui est plus facile que rire avec lui.

L’irlandais Roy apparait bien souvent plus accessible, mais c’est uniquement à cause de sa proximité avec Moss et parce qu’il a clairement plus conscience de la réalité dans laquelle il vit. Plus irascible que son ami, il n’est finalement qu’un misanthrope qui déteste devoir accomplir des tâches qui sont simplement en dessous de lui.

Avec eux, nous trouvons Jen qui n’est là que parce qu’elle a menti sur son CV. Elle n’y connait et n’y comprend rien à l’informatique. Son travail est donc celui d’intermédiaire. Elle fait le lien entre ses deux collègues et le reste de l’entreprise qui, comme elle, ne sait pas vraiment ce que « IT » signifie. Avec les années, elle deviendra aussi marginale que ses comparses, mais son expertise en informatique restera inexistante.

The IT crowd était, à cet égard, réellement visionnaire. Internet et tous les appareils électroniques qui ont envahi notre quotidien durant les dix dernières années restent un mystère insondable pour la majorité des gens qui les utilisent. Comme le fait Jen, prétendre y connaitre quelque chose est juste un réflexe.

Naturellement, la création de Graham Linehan n’était pas en avance sur son temps parce qu’elle nous montrait sans détour à quel point notre relation avec la technologie était plus un acte de foi qu’autre chose. En fait, sa réussite a été d’embrasser la culture geek avant qu’elle ne soit pervertie afin d’être mieux démocratisée.

Dans ce sens, les t-shirts que portait Roy ont indéniablement laissé une empreinte notable sur la pop culture. Le décor de la série a par ailleurs joué un rôle important dans cette même logique.

The IT crowd identifia comme aucune autre auparavant ce qu’étaient les particularités de la culture geeks en allant plus loin que de simples références. Cela servait certes comme matériel humoristique, mais le résultat fut un hommage comique plus qu’un acte de moquerie.

Si beaucoup aujourd’hui se contentent de lancer une référence pop plus ou moins bien placée, Graham Linehan s’était approprié le code source et l’utilisait pour créer son propre matériel sans dépendre du reste. En suivant cette voie, sa série est devenue aussi intemporelle que précise par rapport à son sujet.

L’univers de The IT crowd s’étendait au-delà des murs de ce bureau désormais mythique. En fait, c’est le monde extérieur qui fournissait à Roy, Moss et Jen de quoi nous faire rire. Dans le registre, les dirigeants de Reynholm Industries se sont imposés comme étant les parfaits catalyseurs de l’absurdité qui créait le contraste nécessaire pour valider la position tenue par les employés du département IT.

Le narcissique légèrement sociopathe Denholm Reynholm (Chris Morris), puis son fils Douglas Reynholm (Matt Berry), le glorieux crétin au comportement le plus souvent inapproprié, ont joué des rôles importants dans le show.

Si on excepte l’épisode spécial de conclusion, The IT crowd s’est achevée il y a plus de 7 ans. Depuis, Chris O’Dowd, Richard Ayoade et Katherine Parkinson n’ont pas chômé, mais n’ont toujours pas endossé de rôles aussi emblématiques. Il est probable que ce constat ne change pas dans l’immédiat. La comédie de Graham Linehan n’a, comme trop de sitcoms de ce calibre, mis du temps à trouver son public, mais cela ne l’empêcha pas d’être influente et de mériter qu’aujourd’hui encore on prenne un moment pour rappeler combien elle était réussie.

Si vous ne l’avez pas vu, vous savez donc ce qu’il vous reste à faire.